Europan 17

Concours

Equipe :

Matthias Coville x Julie Demary x Théo Mulard x Thomas Takada

2024

Concours ouvert à destination des jeunes architectes / urbanistes / paysagistes, pour le réaménagement d’un territoire.

Ici, l’intercommunalité de Bernay et 4 de ses friches industrielles ont fait l’objet d’une étude pour revaloriser le patrimoine existant en gardant une attractivité et des activités tant sur un plan touristique que professionnel.

Texte du concours :

“Rés[eau]

Un nouveau récit pour les espaces industriels de la vallée

Les anciens sites industriels de l’intercommunalité de Bernay ont une histoire riche et complexe. Après d’intenses périodes d’activité, ils apparaissent aujourd’hui sous des formes presque archéologiques. Les structures de métal, de béton et de briques s’érigent en symboles d’un temps révolu. Elles laissent planer une impression étrange, mêlée d’émerveillement, de nostalgie et donnent le sentiment de tous les possibles.

Les aménagements successifs ont cependant rendu ces sites impropres à de nouveaux usages et ont parfois abîmé les constructions d’origine. La friche du Petit Nassandres sert de prototype au processus de projet que Rés[eau] souhaite développer sur l’ensemble de l’intercommunalité.

Inventaires opératoires

Rés[eau] propose en premier lieu d’analyser minutieusement l’existant afin d’évaluer sa valeur patrimoniale et son potentiel de mutabilité. Deux catégories de constructions émergeront : celles « à démolir » et celles « à valoriser ». Un inventaire des matériaux et éléments issus des déconstructions sera ensuite mis en place. Mutualisé pour tout le territoire, il constituera la ressource première des projets à venir.

Mouvement et continuité

Rés[eau] repose sur la conviction que deux des sites, Siret-Delaporte et Courcelle, ont déjà entamé la suite de leur histoire. L’un, pour lequel des idées de programme sont déjà en germe, est à 95 % propriété de la ville de Brionne. L’autre est un tiers-lieu où d’ambitieux projets sont en cours. Rés[eau] tire parti de ce dynamisme en créant un maillage tant spatial que fonctionnel entre les friches.

Les acteurs des Nouvelles Coordonnées (tiers-lieu du site de Courcelle) seront les interlocuteurs idéaux pour développer les inventaires et assurer le stockage et la revalorisation des « objets trouvés ». Les Nouvelles Coordonnées deviendront alors un lieu de médiation et de promotion des projets. Le tiers-lieu se verra ainsi confier une mission de service public ancrée dans le territoire.

Du côté du site Siret-Delaporte, le bâtiment en béton aux splendides arcs surbaissés deviendra une salle de sport, comme le suggère la mairie. Aménagée de manière réversible, celle-ci pourra se transformer ponctuellement en salle de spectacle. L’usine aux sheds du même site deviendra un véritable quartier : sa restructuration comprendra parking, commerces de proximité, « maisons-sheds » avec jardin et rue traversante. Ce nouveau quartier en coeur de ville offrira une alternative solide à l’étalement urbain.

L’avenir de ces deux friches étant déjà là, nous considérons que le véritable enjeu se situe du côté des sites de Saint-Louis et du Petit Nassandres.

Espaces capables !

Rés[eau] propose de métamorphoser ces deux sites pour en faire des « espaces capables », moteurs du territoire. Une collectivité (l’intercommunalité, une ou plusieurs mairies) rachètera le foncier pour appliquer la stratégie inventaires / déconstruction / réaménagement. Les sites seront reparcellisés et les bords de Risle et de Charentonne, encore très peu accessibles, seront requalifiés (noue, corridor écologique et cyclable, berges aménagées, sentiers...). Les futures fonctions des usines sont intentionnellement indéfinies. Les habitants et les municipalités les orienteront en concertation. Certains programmes, viables au regard de l’économie territoriale et pertinents pour les sites sont envisageables : industrie des nouveaux textiles ou usine de transformation du lin et du chanvre sur le site du Petit Nassandres ; centre de réparation des machines agricoles, usine de traitement des eaux et des déchets ou unité de méthanisation sur le site Saint-Louis. Les dépenses des travaux seront amorties à long terme par la location ou la revente des espaces de travail et par les impôts générés par l’activité économique.

Plans libres, mezzanines, cheminées solaires

Rés[eau] propose des interventions architecturales créant des lieux appropriables par diverses activités. Cet objectif, couplé à celui de sobriété énergétique, sous-tend trois principes (voir schéma ci-dessus) : un plan libre au rez-de-chaussée, des grandes mezzanines et des cheminées solaires. Ces trois dispositifs offrent différentes échelles et qualités spatiales qui répondront aux besoins des futurs preneurs. Le plan libre sera idéal pour les machines, le stockage et toute tâche nécessitant de grands espaces. Il pourra être partitionné au besoin. Les mezzanines seront faciles à chauffer : leurs volumes restreints sont peu consommateurs. Les cheminées solaires, permettant le renouvellement de l’air sans faire appel à des installations mécanisées, seront installées régulièrement dans la trame de l’existant. Parfois mur d’échiffre, sanitaire, local de rangement ou monte-charge, elles rythmeront l’espace de l’usine tout en accueillant des usages quotidiens.

L’espace public et l’eau

Rés[eau], loin d’entériner la séparation entre les espaces d’activité économique et le reste de la commune, propose d’aménager les abords de l’usine en parcs et lieux de récréation. Des tables de pic-nic seront implantées dans la nouvelle topographie créée avec les gravas des bâtiments démolis. Des folies architecturales, les « objets créés », seront montées grâce aux « objets trouvés » (voir planches 1 et 2). Une tour d’observation, placée à l’angle de l’ancien entrepôt déconstruit, offrira un panorama sur la vallée. L’eau sera au coeur de ces espaces publics. Tant vecteur de lien que matérialisation des nouvelles limites parcellaires, elle structurera le territoire des friches. Alors qu’elle était inaccessible et invisible, elle sera magnifiée et ses berges rendues au public. Il sera alors envisageable de se rapprocher de l’eau, de l’apprécier dans une zone classée Natura 2000 et même de s’y baigner ! L’eau retrouve sa fonction sociale et récréative. “

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